La place de la Mare clôt le bourg de Cintheaux au sud, au carrefour de deux routes, celle qui mène de Saint-Sylvain à Bretteville/Laize et celle qui va de Cintheaux à Haut-Mesnil. Elle se situe à proximité immédiate d’une sortie de la « quatre voies » menant de Caen à l’autoroute A 88. C’est un carrefour modeste, protégé de la grande circulation normande.
Des travaux récents ont fourni l’occasion de recherches sur son nom et son histoire. Qu’était venue faire cette appellation incongrue, « place de la Mare », sans mare, dans une commune située sur les hauteurs d’un plateau et dont l’une des principales caractéristiques physiques est de n’être traversée par aucun cours d’eau ? Par le passé, l’eau était tirée des puits, d’une profondeur moyenne d’une quarantaine de mètres. La nappe phréatique est donc située très en dessous du niveau du sol. Les constituants géologiques de la surface sont cependant multiples et certains endroits sont recouverts d’une couche d’argile, propices à la rétention des eaux.
La première grande loi sur l’eau date du 8 avril 1898. Elle organise les différents usages de l’eau, fortement développés avec la révolution industrielle. La loi veille aussi à ce que tous les agriculteurs puissent avoir accès à la ressource. Elle est suivie, en 1935 d’un décret-loi, avec une logique similaire. On peut imaginer que ce contexte légal pèse sur la création ou le réaménagement de la mare. Quoi qu’il en soit, au début du XXe siècle, deux cartes postales anciennes attestent la présence d’un plan d’eau bordé d’arbres et qui a perduré, compte tenu de la taille des arbres. Il recueille les eaux de pluie, sert de lavoir, fait office d’abreuvoir pour les chevaux et de réserve d’eau en cas d’incendie. Des gens nés avant 1960 s’en souviennent et en témoignent.
Le chemin Haussé traverse la place de la Mare, ce qui contribue à faire de ce lieu un carrefour très ancien. L’atlas de Trudaine, établi au XVIIIe siècle, n’indique aucune mare à cet endroit. Simplement un élargissement des voies évoquant la présence d’une place.
Au cours des années 1960, elle a été comblée et les arbres abattus. En apparence c’était un bel endroit, en réalité malsain et nauséabond, utilisé illégalement comme égout. Le choix fut de le supprimer.
Le lieu est ensuite longtemps apparu comme vide, aride et lunaire, malgré la création, à côté, d’un terrain de football, un peu après 1975. Presque jamais utilisé, la commune l’a rendu aux cultures.
Actuellement, elle est un lieu convivial, l’été, avec sa table de pique-nique et son terrain de pétanque. Les autobus s’y arrêtent également pour les écoliers du ramassage scolaire.
En conclusion, la place de la mare qui n’offre plus grand intérêt historique à l’heure actuelle, a néanmoins illustré l’histoire de la gestion de l’eau en France dans les communes rurales, de la même façon que l’autre plan d’eau entre les hameaux plus éloignés de Robert-Mesnil et Daumesnil.
Sources – Statistiques agricoles du XIXe siècle et descriptifs de la commune par monsieur De Caumont – Bulletin municipaux de Cintheaux – https://www.legifrance.gouv.fr/